Pour notre quatrième édition de « Bibliothécaire d’un soir » , vendredi 31 août dernier, c’est Léonie Bischoff, autrice/dessinatrice de BD énergique et fascinante qui nous rejoignait pour nous parler des livres ayant marqué sa vie de lectrice. Voici les titres qu’elle nous a présentés.
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Pour ceux qui ont manqué cette rencontre et/ou pour ceux qui souhaitent la prolonger, voici la liste des choix de notre bibliothécaire d’un soir ainsi que l’enregistrement qui a été fait de ses explications. A noter qu’en plus de pouvoir retrouver le podcast sur la page d’Audioville (Soundcloud), notre partenaire, vous pourrez maintenant aussi écouter la rencontre sur Youtube (juste le son, nous ne faisons pas d’enregistrement vidéo):
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1. « Journal de l’amour », Anaïs Nin
Ce journal de l’Amour ne fut pas simplement pour Anaïs Nin (1903-1977) le confident de ses aventures et le témoin de ses rencontres. Elle en fit aussi le complice des « mensonges héroïques » (l’expression est d’elle) destinés à ceux qu’ une vérité sans fard eût blessés. C’est pourquoi sans doute il fallut attendre si longtemps la publication de la « version non expurgée « . La période couverte ici est celle des années 1932-1939, la plus riche et la plus intense de son existence.
On y trouvera, en grand nombre, les portraits pris sur le vif des artistes et des écrivains célèbres qu’elle croisa, notamment dans ses années parisiennes, de James Joyce à Marcel Duchamp , de Brassai à Antonin Artaud, mais on y découvrira également un modèle inégalé d' » auto fiction » mêlant avec un art souverain aveux et phantasmes. C’est cette étonnante composition qui fait d’Anaïs Nin l’une des figures les plus singulières de la littérature américaine contemporaine.
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2. « Journal de la création », Nancy Huston
Pendant des millénaires, tout paraissait simple : aux hommes la création, aux femmes la procréation ; aux hommes l’esprit et aux femmes le corps. L’émancipation féminine a bousculé cette distribution des rôles et mis à mal des métaphores séculaires : la muse féminine, l’œuvre d’art comme amante ou comme “enfant” de l’artiste…
Mais trouver un nouveau modus vivendi n’est pas facile pour autant. Mettant à profit une certaine et curieuse forme de clairvoyance liée, dans son esprit, aux métamorphoses de son corps de femme enceinte, Nancy Huston s’est penchée sur les histoires souvent douloureuses de Sand et Musset, Virginia et Leonard Woolf, Scott et Zelda Fitzgerald, Sartre et Beauvoir… Le récit de ses recherches sur les couples d’écrivains et le journal de sa propre grossesse se croisent, se répondent et se complètent pour évoquer les mystères de l’amour, de l’inspiration, du couple et de la création.
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3. « Sauvage ou La sagesse des pierres », Thomas Gilbert
Sauvage ! Mousse et humus, ronces et rocs, pluie et vent, soleil brûlant sur peau tannée, se nourrir de rien, marcher, nue, à s’en couper les pieds, mordre la chair vivante, boire l’eau croupie, devenir celle qui vit enfin… Et retrouver la sagesse des pierres.
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4. « Comme un frisson », Aniss El Hamouri
Renata est une jeune fille mal dans sa peau. Depuis quelques temps, elle ressent d’étranges frissons qui se révèlent être une sorte de pouvoir : elle pressent les menaces. Malgré ce don, elle n’a pas pu prévenir le vol de son ordinateur. Au hasard d’une soirée, elle retrouve les voleurs mais les deux compères ne lui rendent pas de suite son précieux bien : commence alors un jeu vicieux de chantage et de mise en confiance, une aventure entre marginaux qui, chacun à leur manière, cherchent leur place.
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5. « Big Kids », Michael DeForge
Ça commence presque comme du Perec : des souvenirs qui remontent, une énumération de moments, de gens, de sensations… puis ça vire du côté de Larry Clark quand celui-ci dresse par ses photos le portrait d’une certaine jeunesse. Pour l’adolescent héros de Big Kids, du jour en lendemain, un changement s’opère (on n’en dira pas plus) et soudainement, le goût a une forme, la musique quatre pattes qui vous court sur l’épaule, et plus rien ne ressemble au monde d’hier. Dans ce récit, que l’on pourra lire comme une métaphore de l’adolescence, DeForge réussit à parler avec une acuité rare de cette étrange période où tout se bouscule, cette période qui ressemble à un perpétuel combat et où les victoires sont trop rares, cette période pleine de choix qu’il faut faire et de contradictions qu’il faut démêler. Sous ses dehors un peu trash et expérimentaux, Big Kids est pourtant un formidable hymne à la vie, à l’immanence des choses, à leur beauté, pour autant que l’on se donne la peine de les regarder comme il faut.
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Ces livres, ainsi que ce de l’autrice, sont disponibles au prêt.
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Le prochain bibliothécaire d’un soir sera Emmanuel Reignez, qui viendra nous parler des livres qui l’ont marqué vendredi 26 octobre à 19h.